Dans un contexte de difficultés économiques et d’attaques violentes de l’extrême droite, le Front populaire français se disloque en 1938 et la République espagnole est vaincue en 1939. La politique nazie anti-juive sévit dans le IIIème Reich. La puissance militaire de l’Allemagne hitlérienne et sa soif de conquêtes territoriales inquiètent. Les accords de Munich, censés sauver la paix, permettent le démantèlement de la Tchécoslovaquie et ouvrent les portes de l’Europe à Hitler.
L’imminence d’une guerre est ressentie par beaucoup mais la surprise va être foudroyante : le 23 août 1939, est signé à Moscou, un pacte militaire et diplomatique de non-agression entre l’Allemagne nazie d’Adolf Hitler et l’URSS (l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques) de Joseph Staline. Désormais, Hitler a les mains libres à l’Est. C’est la stupeur dans le monde entier car l’URSS apparaissait comme le rempart le plus résolu contre le nazisme.
Le Parti communiste français(PCF) suit la ligne politique de l’URSS : le pacte est supposé éviter une guerre généralisée.
L’anticommunisme et l’antisoviétisme se déchaînent, notamment en France. Une crise interne, très violente, ébranle le PCF et ses membres. Les militants de la M.O.I., viscéralement antifascistes, sont, pour la plupart, en état de choc.
À la suite du pacte, les publications communistes, dont le quotidien L’Humanité, sont interdites le 26 août par le gouvernement français dirigé par Édouard Daladier.
Le 1er septembre 1939, les troupes d’Hitler envahissent la Pologne. Les Français sont mobilisés. Le 3 septembre 1939, à la suite de cette invasion, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. La Naïe Presse affirme la détermination des Juifs immigrés progressistes à s’engager aux côtés du peuple français.
Neuf mois plus tard, à la suite de l’armistice signé entre la France et l’Allemagne, une ligne de démarcation scindera la France en deux grandes zones.
Face au conflit, le Parti communiste français se montre favorable à la défense nationale et les députés communistes votent les crédits militaires. Parallèlement, le 4 septembre 1939, La Naïe Presse publie un éditorial signé Adam Rayski qui appelle clairement à la lutte implacable contre le fascisme et les nazis
Le 17 septembre, après l’armée allemande, l’armée soviétique entre à son tour en Pologne. Rapidement, le Parti opère un virage stratégique : il approuve l’agression soviétique et adopte la nouvelle position de l’URSS et de l’Internationale communiste. Le conflit est alors présenté comme une guerre entre pays capitalistes (la France et la Grande Bretagne ainsi que leur adversaire, l’Allemagne, sont renvoyées dos à dos). Une guerre qualifiée aussi de guerre impérialiste.
Ce tournant dans l’orientation de l’Union soviétique et du PCF crée le trouble chez nombre de communistes et, en particulier, chez les membres de la M.O.I.
NAZISME
Le nazisme a pour but de créer une communauté nationale fondée sur la race épurée des Allemands (la race aryenne). Elle doit aussi être « améliorée » : par exemple, les opposants politiques et les individus qui manifestent des « comportements asociaux », tels les homosexuels, doivent être rééduqués dans des camps de concentration. Ceux qui sont biologiquement indésirables (handicapés, malades mentaux) doivent être expulsés de la communauté. Les “sous-hommes”, tels les Slaves, les Asiatiques, Arabes et Noirs peuvent être dominés. Les Tziganes, aryens supposés corrompus par des mélanges raciaux qui leur ont fait perdre leur aryanité, sont déportés et exterminés. On estime à 200.000 le nombre de Tziganes victimes de cette politique génocidaire.
Selon la doctrine nazie, les Juifs sont situés hors de la « sous-humanité » et constituent une menace permanente pour la pureté aryenne ; élément d’anéantissement de la communauté, la « souillure juive » doit être combattue, au regard d’Hitler et de ses adeptes, par tous les moyens jusqu’à la disparition de tous les Juifs.
Les mesures antijuives sont toujours présentées comme une réponse au « danger » venant des Juifs « agresseurs ». Pour détruire cette « race », les nazis mettent en œuvre la « solution finale de la question juive ».
Cette politique criminelle d’extermination des Juifs, systématique, programmée et à grande échelle, sur l’ensemble du continent européen, entraîne la mort de près de 6 millions d’êtres humains.
Au lendemain de la chute du régime nazi, ses principaux dirigeants sont jugés lors du procès de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946) et condamnés pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.
Référence
Benbassa Esther (collectif), 2010, Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations. Larousse À présent.
TROISIÈME REICH
Le 3ème Reich est à l’origine de la Seconde Guerre mondiale. Convaincus d’appartenir à une « race supérieure », les nazis montrent une soif de conquêtes inextinguible. A la fin du Reich, en 1945, ils ont presque atteint leur but avec l’occupation de la plus grande partie du continent européen. Le 3ème Reich s’appuie sur des structures redoutables : la Waffen SS (organisation de protection armée au service d’Hitler, à la tête des camps d’extermination), la Gestapo (police politique) la Wehrmacht (armée allemande) et de nombreuses autres structures administratives, militaires ou paramilitaires commandées par de hauts dignitaires nazis zélés au service du Führer.
Outre son désir hégémonique et expansionniste, le 3ème Reich, régime dictatorial et totalitaire, se caractérise par une politique raciale et eugénique. Le génocide, radical, planifié et industrialisé, exercé sur les Juifs d’Europe (6 millions de morts) et les Tziganes s’accompagne aussi de mesures discriminatoires contre les homosexuels et les handicapés. La haine d’Hitler et de tous les nazis s’étend aux intellectuels, aux artistes, aux scientifiques et à tous les opposants au régime (notamment les communistes) qui osent affronter l’idéologie du 3ème Reich et réfuter la supposée supériorité de la race aryenne germanique sur tous les autres groupes humains.
Le nazisme, après l’écrasement du 3ème Reich par la France et ses alliés, est reconnu comme un régime criminel au procès international de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946). Il est accusé, principalement, de crimes de guerre et de crimes contre l’Humanité.
Références
— Shirer William L. 1960, Le 3ème Reich, des origines à la chute, Tome 2. Ed. Presses de la cité
— Arendt Hannah, 1995, les origines du totalitarisme. Tome 3 : le système totalitaire. Ed du Seuil
ACCORDS DE MUNICH
L’URSS s’engage à apporter une aide militaire à la Tchécoslovaquie à condition que la France agisse de même. L’Armée rouge se mobilise pour intervenir mais, sans frontière avec la Tchécoslovaquie, l’URSS doit demander son accord à la Pologne pour traverser son territoire. La Pologne refuse. La France décrète la mobilisation mais n’intervient pas pour convaincre son alliée polonaise. Par ailleurs, le gouvernement français n’entend pas entrer en guerre contre l’Allemagne sans la participation britannique.
Sur proposition de Benito Mussolini, le dirigeant fasciste italien, Hitler accepte la tenue d’une conférence qui se tient à Munich, du 29 au 30 septembre 1938. Y participent Adolf Hitler, Édouard Daladier, chef du gouvernement français, Neville Chamberlain, premier ministre britannique et Mussolini. Tchécoslovaques et Soviétiques ne sont pas invités ! Les accords conclus stipulent l’évacuation des Sudètes par les Tchèques et leur occupation progressive par l’armée allemande. C’est la fin de la Tchécoslovaquie. En occupant le pays, les Allemands prennent possession des performantes entreprises d’armement et de matériel militaire (notamment Škoda).
En France, la droite et la gauche modérée (SFIO et radicaux) approuvent les accords. Seuls les communistes votent contre leur ratification. Comme au Royaume-Uni, l’opinion publique retient que la guerre a été évitée et célèbre ces illusoires « accords de paix ».
La Pologne bénéficie de la rétrocession d’une partie de la Silésie et soutient naïvement le gouvernement hitlérien. Écartée de la Conférence de Munich, l’URSS voit dans les accords de Munich les effets de la « politique d’apaisement » préconisée par Neville Chamberlain pour détourner la menace nazie vers l’est. Le dirigeant soviétique, Joseph Staline, désormais méfiant vis-à-vis de la Grande-Bretagne et de la France, s’engage dans une nouvelle politique aboutissant au pacte de non-agression germano-soviétique d’août 1939 qui plonge nombre de communistes, naturellement antinazis, et de militants de la section juive de la M.O.I. en particulier, dans l’incompréhension ou le désarroi.
Référence
Miquel Pierre, 1998, Le piège de Munich, Éditions Denoël.
RONT POPULAIRE
PACTE GERMANO-SOVIÉTIQUE
Référence
Wolikow Serge, 2010, Histoire de l’Internationale communiste, Ed. de l’Atelier.
UNION DES RÉPUBLIQUES SOCIALISTES SOVIÉTIQUES (URSS)
Durant le communisme de guerre (1918-1921), lorsque le nouveau pouvoir affronte les armées étrangères venues soutenir les Blancs, l’Armée rouge l’emporte, grâce, notamment, à la paysannerie, satisfaite de la redistribution des terres. La fédération, formée par 15 républiques soviétiques, est entérinée en 1922 : c’est l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
La NEP (Nouvelle Économie Politique) est une période de transition, de 1921 à 1929, pour redresser l’économie.
En 1929, nouveau virage, Staline lance un programme de collectivisation totale des terres et d’industrialisation rapide. Il s’ensuit une énorme famine (1932-1933). Les paysans révoltés sont nombreux à être déportés au Goulag (camps de travail forcé).
En 1938, les accords de Munich signés entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie permettent à Hitler d’annexer les Sudètes. L’URSS et la Tchécoslovaquie n’ont pas été invitées. La France et le Royaume-Uni refusent toute alliance avec l’URSS. Celle-ci signe en 1939, avec l’Allemagne, le traité de non-agression germano-soviétique. Le 22 juin 1941, c’est l’opération Barbarossa : trois millions d’Allemands appuyés par l’aviation et la cavalerie envahissent l’URSS. Toute la population se mobilise pour défendre le pays. Staline libère du Goulag près d’un million de prisonniers qui sont incorporés dans l’armée. La contre-offensive soviétique débute en décembre 1941 à Moscou qui résiste, et résistera, à l’armée allemande. Par ailleurs, dans Léningrad assiégée, de septembre 1941 à janvier 1944, 800.000 habitants (un tiers de la population de la ville) meurent de faim, de froid et de maladie.
Stalingrad va devenir en février 1943 la ville emblématique de la résistance à l’invasion nazie et le symbole de la reconquête. Les combats acharnés entre soldats allemands et soviétiques se terminent par la reddition du général allemand Von Paulus et de ses troupes. C’est un tournant dans la guerre.
On estime que 26 millions de morts, civils et militaires, soit un sixième de la population active de l’URSS, ont disparu durant le conflit.
Au sortir de la guerre, le régime soviétique est auréolé du prestige de la victoire contre le nazisme.
Référence
Trotignon Yves, 1982, Le XXème siècle en URSS, Ed Bordas.
Joseph Staline
(1878-1953)
Joseph Vissarionovitch Djougachvili, dit Staline, naît le 18 décembre 1878 en Géorgie, à Gori. Il adhère en 1898 au Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR). Il rejoint la fraction communiste bolchévique et adopte le pseudonyme de Staline, formé sur le mot russe « stal » qui signifie acier. Il dirige l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) dès 1922. Lénine, leader révolutionnaire communiste, recommande avant sa mort en 1924, d’éloigner Staline de la direction du Parti communiste. Staline établit un régime de dictature personnelle ensanglanté par les « purges » qui font des millions de victimes, assassinées ou déportées au goulag (ensemble des camps de travail forcé).
Les purges dans l’armée affaiblissent l’URSS face à l’Allemagne.
En 1939, Staline cherche à gagner du temps avant l’inévitable conflit avec Hitler. Les accords de Munich qui signent la démission des démocraties face au nazisme et, par ailleurs, la signature du pacte germano-soviétique, en août 1939, qui scelle une entente contre-nature, sont les marques de l’aveuglement de Staline face à la menace nazie. Le Pacte suscite en France un trouble profond chez nombre de communistes et chez les militants de la section juive de la M.O.I.
Mais, à l’issue du conflit le plus meurtrier de l’Histoire, les batailles de Stalingrad et de Koursk, en 1943, consacrent la puissance militaire soviétique et annoncent la chute d’Hitler.
Les troupes soviétiques libèrent le camp d’extermination d’Auschwitz le 27 janvier 1945.
Staline, l’URSS et le communisme soviétique acquièrent un prestige international, rapidement terni.
Après la guerre, Staline lance une nouvelle série de « purges », dont l’affaire du supposé « complot des blouses blanches », une machination qui vise les médecins juifs des dirigeants soviétiques.
L’antisémitisme d’État se développe, alors, en URSS et dans les pays satellites. Les intellectuels et artistes juifs sont les victimes de ces « purges » avec tous les opposants au régime.
Staline meurt à Moscou le 5 mars 1953.
Au cours du 20ème congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, en 1956, Nikita Khrouchtchev, attribuant au « culte de la personnalité » les erreurs et les crimes de Staline, engage le processus de « déstalinisation ». Ce n’est qu’avec un autre dirigeant, Mikhaïl Gorbatchev, que le stalinisme est dénoncé dans toute son ampleur à la fin des années 1980.
PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS (PCF)
Mais l’aggravation de la situation internationale, la poussée de l’extrême droite en Allemagne, l’affirmation du pouvoir mussolinien en Italie, préoccupent de plus en plus le PC soviétique et l’Internationale communiste (Komintern en russe) qui oriente la politique de tous les partis communistes.
À l’été 1934, le PCF lance une politique d’ouverture nouvelle et opte pour la mise en avant de la « nation française » identifiée à la Révolution de 1789-1793 et au Front populaire, vite divisé lors de la guerre civile espagnole. En France dans un climat de violence sociale exacerbée, l’anticommunisme se mêle à l’antisémitisme et à la xénophobie. Le PCF tente cependant d’incarner la pérennité du Front populaire. Mais à la fin de 1939, le Parti, isolé et contraint à l’illégalité, est désarçonné par la signature du pacte germano-soviétique.
Le PCF prône, dans un premier temps, la poursuite de la « lutte antifasciste contre les agresseurs et surtout le fascisme allemand », mais début septembre 1939, le Komintern impose la nouvelle ligne officielle d’une guerre entre puissances « impérialistes » qui ne concerne pas les peuples. Le PCF diffuse cette ligne auprès de ses militants.
En juillet 1940, le Parti, désormais clandestin, met l’accent sur l’indépendance nationale et publie l’appel au « Peuple de France ! ». Un an plus tard, il souhaite que se constitue « un large front national » contre l’occupant.
Après la rupture du pacte germano-soviétique, en juin 1941, le PCF avec ses groupes « Organisation spéciale » (groupes OS) et les Jeunesses communistes, se lance dans la lutte armée contre les nazis. En 1942, ses détachements FTPF et FTP-M.O.I. développent un combat armé très structuré.
Le PCF s’engage dans une politique d’union de la Résistance intérieure, des communistes à la droite républicaine, lors de la création, en 1943, du Conseil National de la Résistance, le CNR.
Le Parti communiste clandestin est, tout au long de la lutte contre les nazis, au cœur de l’action résistante, il exprime à la fois la dimension sociale du combat et les revendications nationales. Après l’occupation nazie, le PCF participe à la reconstruction démocratique et sociale de la France et occupe, à la fin de la guerre, une place centrale dans la société française.
Références
— Peschanski Denis in : F. Marcot (dir.) 2006, Dictionnaire historique de la Résistance. Éditions Robert Laffont.
— Martelli Roger, Vigreux Jean, Wolikow Serge, 2020, Le Parti Rouge, une histoire du PCF 1920-2020. Editions Armand Colin
Edouard Daladier
(1884-1970)
Fils d’un boulanger de Carpentras, Édouard Daladier étudie à Lyon où il suit les cours d’Édouard Herriot. Agrégé d’histoire, il est élu maire de sa ville natale en 1912. Il combat à Verdun pendant la Première Guerre mondiale. Il est député radical-socialiste du Vaucluse en 1919, devient président du Parti radical en 1927. Il constitue son premier gouvernement le 30 janvier 1933 alors qu’Hitler prend le pouvoir en Allemagne.
Il est nommé à de nombreux postes ministériels de 1925 à 1940.
Daladier intègre le gouvernement de Front populaire en 1936. Il occupe la fonction de ministre de la Défense nationale et de la Guerre de Léon Blum mais la rupture des radicaux avec le Front populaire est rapidement consommée.
Président du Conseil, sous la présidence de la République d’Albert Lebrun, Daladier signe, avec Chamberlain, Hitler et Mussolini les « accords de Munich » en septembre 1938. Hitler a, désormais, les mains libres à l’Est. Les communistes reprochent à Daladier d’avoir renié ses positions antifascistes de 1936.
Au prétexte de vouloir réserver l’emploi aux travailleurs français, Daladier édicte le décret-loi du 12 novembre 1938 qui prévoit l’internement des « indésirables étrangers ». Ce décret-loi est complété par la loi du 18 novembre 1939 qui permet l’internement « de tout individu, français ou étranger, considéré comme dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Les Juifs immigrés communistes de la M.O.I. sont tout particulièrement visés de même que les républicains espagnols réfugiés en France. Après la signature du pacte germano-soviétique en août 1939, Daladier fait prononcer la dissolution du Parti communiste français. Le PCF est accusé par la droite et par une partie de la gauche déstabilisée, de soutenir l’offensive hitlérienne aux côtés de l’URSS. Les députés communistes sont poursuivis.
La politique militaire volontariste de réarmement de la France préconisée par Daladier se heurte à la réalité de la « drôle de guerre ». Jugé responsable de l’impréparation de la France dans le conflit, il est contraint à la démission en mars 1940. À la nouvelle de l’armistice, le 22 juin 1940, Daladier quitte la France en direction de l’Afrique du nord. Arrêté en septembre par le gouvernement de Vichy, il comparaît devant la cour de justice, en février 1942. Il est interné en Allemagne de 1943 à 1945. La guerre terminée, il revient un temps à la vie politique et retrouve son siège de député radical du Vaucluse à l’assemblée législative. En 1957, il préside le Rassemblement des gauches républicaines.
Il meurt à Paris le 10 octobre 1970.
Référence
Rémond René & Bourdin Janine, 1977, Édouard Daladier, chef de gouvernement (avril 1938-septembre 1939) : colloque de la Fondation nationale des sciences politiques. Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques.
LA NAÏE PRESSE
Si la priorité du journal est la lutte contre le fascisme, les informations centrées sur le dynamique réseau associatif culturel et social de la section juive de la M.O.I. sont nombreuses. La NP devient le quotidien d’expression yiddish le plus lu en Europe. L’équipe de rédaction comprend, entre autres, Mounié Nadler, Israël Hirszowski, Louis Gronowski, G. Kenig et Adam Rayski.
L’association des “Amis de La Naïe Presse” diffuse et soutient le journal.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, La Naïe Presse se situe, comme toujours, « aux côtés du peuple français ». Après son interdiction, elle reparaît ponctuellement le 15 juillet 1940 sous un nouveau titre, Unzer Wort (ou Unzer Vort). À partir du 29 septembre 1940, et pendant toute l’Occupation, 90 numéros clandestins sont régulièrement publiés en yiddish, sous ce titre qui devient en français Notre parole au nord et Notre voix, au sud. Le journal diffuse des consignes de sécurité, informe sur les crimes des nazis et de Vichy et appelle à la lutte armée dans la Résistance.
Par exemple, Unzer Wort, Notre parole et Notre voix se font l’écho du soulèvement du ghetto de Varsovie ignoré en France et appelle à intensifier le combat contre les nazis.
Porte-parole de l’organisation clandestine de Résistance « Solidarité » issue de la section juive, puis de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE), La Naïe Presse (devenue Unzer Wort) est victime de la persécution nazie. De nombreux responsables, rédacteurs, imprimeurs, diffuseurs sont torturés, exécutés, déportés.
La Naïe Presse, journal progressiste, reparaît après guerre sous son titre originel et touche la population juive yiddishophone rescapée et proche de l’idéal de la Résistance. Une page en français complète bientôt l’édition du quotidien. En mai 1965, Marceau Vilner crée un organe entièrement en langue française : La Presse nouvelle hebdo (PNH), qui devient en 1982 le mensuel La Presse nouvelle magazine (PNM). Faute de lecteurs lisant encore le yiddish, La Naïe Presse disparaît en 1993.
Références :
Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Messidor/Éditions Sociales.

Adam Rayski
(dit Marcel)
(1914 – 2008)
Adam Rayski, de son vrai nom Abraham Rajgrodski, naît à Bialystok (Pologne) dans une famille juive de petits commerçants. Engagé dès 16 ans dans l’action révolutionnaire, à l’exemple de son oncle, dirigeant du PC polonais, il adhère aux Jeunesses communistes et en devient le responsable. Exclu du lycée pour son activité politique, repéré par la police et menacé d’être arrêté, il quitte la Pologne en septembre 1932, à 18 ans.
À Paris, il devient apprenti dans la confection. Il se forme comme journaliste et suit des cours à l’Institut d’études politiques et à l’École pratique des hautes études. Il milite au sein de la section juive de la M.O.I. et débute à La Naïe Presse, le quotidien en langue yiddish de la section juive ; parallèlement, il est stagiaire à L’Humanité.
À l’automne 1938, Louis Gronowski, dirigeant national de la M.O.I., lui confie la direction de La Naïe Presse, en tandem avec G. Kenig.
En septembre 1939, le journal est interdit comme toutes les publications communistes, mais reparaît clandestinement dès octobre, sous le titre de Unzer Wort (Notre Parole). Rayski reste à son poste jusqu’à sa mobilisation le 20 mai 1940 dans l’armée polonaise. Fait prisonnier, il s’évade et rentre à Paris le 14 juillet. Membre de la direction clandestine de la M.O.I., il se consacre à la reconstitution de la section juive.
En avril 1941, Rayski est envoyé en zone sud pour mettre en œuvre l’évasion des communistes étrangers internés dans les camps de Gurs et du Vernet. Revenu à Paris, il assure la direction politique de tous les organes de presse de la section juive de la M.O.I. et du Mouvement national contre le racisme (MNCR). Il supervise les diverses structures de Résistance : Union des femmes, mouvements de jeunes, groupes de sauvetage d’enfants…
Pour rendre hommage à l’insurrection du ghetto de Varsovie, il écrit deux articles : l’un pour Notre Voix et l’autre pour J’accuse et Fraternité, journaux du MNCR.
Il est chargé de sélectionner les combattants pour le 2ème Détachement juif des FTP-M.O.I. parisiens démantelé par la police en juin 1943 : de nombreux militants de la section juive sont arrêtés, torturés, déportés. Rayski, identifié par les services de police, est recherché mais réussit à s’échapper et rejoint Lyon.
À l’hiver 1943-1944, Rayski joue un rôle essentiel dans les négociations aboutissant à la création du Comité Général de défense des Juifs qui devient dès janvier 1944, le Conseil représentatif des israélites de France (CRIF).
En 1949, il retourne en Pologne où il exerce d’importantes responsabilités. En raison de la campagne antisémite qui y sévit, il regagne la France en 1957.
Il se consacre, désormais, à un travail d’Histoire et de Mémoire.
Il meurt à Paris le 11 mars 2008.
Références
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam,1989, Le Sang de l’étranger, Fayard.
— Rayski Adam, 1985, Nos illusions perdues. Balland
INTERNATIONALE COMMUNISTE (IC)
L’Internationale communiste, IC, (Komintern en russe) a, en 1939, vingt ans d’existence. Elle se veut le Parti mondial de la Révolution. Depuis sa naissance, en 1919, dans le sillage de la Révolution russe, elle a beaucoup évolué. Ses structures de direction sont centralisées à Moscou même si, depuis 1935, les partis communistes de chaque pays affichent une plus grande autonomie, en particulier dans la mise en œuvre de leur politique sur le terrain. Cependant, si les orientations stratégiques restent, en principe, du ressort du secrétaire général, Georges Dimitrov, les décisions effectives qui s’imposent à l’Internationale communiste sont prises par le secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), Joseph Staline.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, fin septembre 1939, l’IC proclame le caractère « impérialiste » de la guerre et la fin du front antifasciste.
Après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, l’IC infléchit sa ligne, le conflit n’est plus présenté comme une guerre “impérialiste” qui renvoyait dos à dos la France et le Royaume- Uni contre leur ennemie commune, l’Allemagne. Les communistes intensifient la lutte frontale contre le fascisme. L’IC joue un rôle important avec l’entrée des communistes français dans la Résistance et la lutte armée. Elle est dissoute en 1943 pour permettre à chaque Parti communiste de mener la lutte contre les nazis sur son propre territoire.
Référence
Wolikow Serge, 2010, L’Internationale communiste (1919-1943). Le Komintern ou le rêve déchu du Parti mondial de la Révolution. Éditions de l’Atelier
GUERRE IMPÉRIALISTE
Depuis 1934 et son entrée à la Société des Nations (SDN), l’URSS, ralliée à l’idée de sécurité collective, dénonce les puissances fascistes agressives. L’Internationale communiste considère que la guerre, déclarée le 3 septembre 1939 à l’Allemagne, principalement par la France et le Royaume Uni, est un conflit entre pays capitalistes. Cette guerre est alors qualifiée d’ « impérialiste ».
L’adjectif impérialiste constitue une justification du Pacte de non-agression entre l’URSS et l’Allemagne, signé le 23 août 1939, et censé préserver la paix en Europe. Cette alliance avec Hitler suscite une interrogation générale et du désarroi chez les communistes car l’URSS apparaissait comme le rempart le plus résolu contre le nazisme.
La lutte antifasciste, jusque-là prioritaire pour le PCF, est, désormais, considérée comme caduque. Elle est remplacée par le combat anti-impérialiste qui renvoie dos à dos les belligérants et défend la politique pacifiste de l’URSS.
Cependant, devant l’accumulation des menaces et des destructions hitlériennes, l’URSS et l’Internationale communiste vont infléchir leur ligne. Dès avril 1941, le conflit n’est plus présenté comme une guerre impérialiste. Après la rupture du pacte germano-soviétique et l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, les communistes et les militants de la section juive de la M.O.I. vont poursuivre avec une détermination accrue leur lutte frontale contre le fascisme et, très précisément, contre le fascisme vichyste et hitlérien.
Références
— Martelli Roger, Vigreux Jean, Wolikow Serge, 2020, Le parti rouge. Une histoire du PCF, 1920-2020. Éd. Armand Colin.
— Gronowski Brunot Louis, 1980, Le dernier grand soir (Un Juif de Pologne) Éd. du Seuil.

L’Œuvre du 24 août 1939 annonce la signature du Pacte germano-soviétique.

L‘Humanité du 30 septembre 1938 rend compte de la conférence de Munich et souligne que la Tchécoslovaquie et l’URSS n’ont pas été invitées.

L’Excelsior du 2 septembre 1939 relate l’invasion de la Pologne par le IIIe Reich et annonce la mobilisation générale en France.

L’Humanité du 25 août 1939 approuve le pacte germano-soviétique.

L’Humanité du 26 août 1939, numéro saisi et interdit, revendique l’ « union de la nation française contre l’agresseur hitlérien ».

Paris-Soir du 18 septembre 1939 : l’URSS occupe la partie orientale de la Pologne.

Accords de Munich

Affiche présentant l’ordre de Mobilisation générale du 2 septembre 1939.

Conférence de Munich, le 29 septembre 1938 : Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini s’accordent sur le démantèlement de la Tchécoslovaquie.

Déclaration du Parti communiste français le 26 août à la suite de la signature du Pacte de non-agression germano-soviétique.

Des soldats allemands arrachent une barrière à la frontière polonaise près de Dantzig le 1er septembre 1939.

Edouard Daladier

Guerre Impérialiste

Humiliation d’un couple « mixte » : « Je suis la plus grosse truie et ne fréquente que des Juifs ! » et « Garçon juif, je n’emmène dans ma chambre que des filles allemandes ! » Allemagne, 1935.

Internationale Communiste (IC)

Joseph Staline

L’Europe après la Conférence de Munich et le Pacte germano-soviétique.

La synagogue de la Boerneplatz à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) en flammes après le pogrom de la Nuit de Cristal, le 10 novembre 1938.

Lecture en yiddish de l’éditorial d’Adam Rayski dans la Naïe Presse du 4 septembre 1939.

Molotov signant salle-2-1 du 23 août 1939, en présence de Ribbentrop (à gauche) et de Staline.

Nazis de la Section d’Assaut (SA) apposant sur la vitrine d’un commerce juif en Allemagne une pancarte : « Allemands, défendez-vous. N’achetez pas chez les Juifs ! » 1938.

Nazisme

Pacte germano-soviétique

Parti communiste français (PCF)

Tableau reprenant les définitions raciales découlant des lois de Nuremberg du 15 septembre 1935.

Traduction de l’éditorial d’Adam Rayski dans la Naïe Presse du 4 septembre 1939.

Troisième Reich

Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS)













