Henri Krasucki
(1924-2003)
Henri Krasucki, né dans la banlieue de Varsovie, a 4 ans quand il rejoint à Paris son père, émigré depuis 1926.
Ses parents sont ouvriers du textile et yiddishophones. Ils apprennent le français aux cours du soir.
Henri fréquente le patronage laïque La Bellevilloise et le patronage créé par la section juive de la M.O.I.
Membre des Jeunesses communistes juives, il assume, dès le début de l’Occupation allemande, des responsabilités dans son quartier puis dans le 20ème arrondissement. Entré dans l’illégalité, il interrompt sa formation en ajustage métallurgique et devient résistant à temps plein. En août 1942, Henri Krasucki, appelé à la direction parisienne des jeunes de la section juive de la M.O.I., choisit ceux d’entre eux qui rejoindront les FTP-M.O.I.“Nous n’avons jamais manqué de volontaires, mon problème était de faire preuve de discernement”.
Le 20 janvier 1943, son père, résistant, est arrêté et déporté à Birkenau dont il ne reviendra pas.
Les Brigades Spéciales organisent trois grandes filatures contre les organisations de la M.O.I. parisienne. La première aboutit en mars 1943 à l’arrestation de dizaines de jeunes communistes juifs dont “Bertrand”-Henri Krasucki et “Martine”-Paulette Szlifke (P. Sarcey).
Henri Krasucki est longuement torturé, y compris devant sa mère, au commissariat de Puteaux et dans les locaux de la police allemande. Il est mis au secret dans le quartier des condamnés à mort à la prison militaire allemande de Fresnes. En juin 1943, il est transféré à Drancy où il retrouve sa mère et plusieurs de ses camarades. C’est comme Juifs et non comme résistants qu’ils sont déportés par le convoi n°55 à Auschwitz.
Les hommes et les femmes sont immédiatement séparés. Henri Krasucki, Samuel Radzinski et Roger Trugnan sont affectés à Jawischowitz (camp annexe d’Auschwitz), où sont exploitées deux mines de charbon. Henri Krasucki devient le responsable du petit groupe de Français dans l’organisation de solidarité et de Résistance du camp. A l’approche des troupes soviétiques, Jawischowitz est évacué. Après un voyage de trois jours sous la neige, à pied et en wagons découverts, les survivants arrivent au camp de Buchenwald.
Le 11 avril 1945, Henri Krasucki participe à la libération du camp. Il est de retour à Paris à temps pour prendre part à la manifestation du 1er mai. Il a 20 ans.
Du convoi 55 pour Auschwitz comprenant 1018 déportés, il ne reste que quelque 80 survivants.
Après la Libération, Henri Krasucki devient membre du Comité central et du Bureau politique du PCF, directeur de la Vie Ouvrière et Secrétaire général de la CGT.
Références
— Langeois Christian, 2012, Henri Krasucki. Éd du Cherche-Midi.
— Laffitte Mourad et Karsznia Laurence, 2015, Une jeunesse parisienne en résistance. Film documentaire.
— Photo : MNR-Champigny (DR)