En France, au cours de cette année 1943, d’importantes vagues d’arrestations se déchaînent contre les combattants de la section juive de la M.O.I..
À Paris, trois grandes filatures vont pister les Juifs de la Main-d’Œuvre Immigrée de mars à novembre 1943. Les Brigades spéciales des Renseignements Généraux, forces de répression policière française créées dès mars 1940, sont les ordonnatrices de ces traques meurtrières.
La première filature a pour cible, en mars 1943, l’organisation politique de la Jeunesse communiste juive qui compte près de 200 membres dans Paris et sa banlieue. Elle aboutit à l’arrestation et à la déportation de l’essentiel de ses militants. Parmi les 57 jeunes arrêtés et déportés à Auschwitz, 7 seulement survivront dont Henri Krasucki, Paulette Szlifke (ou Sliwka puis Sarcey) et Roger Trugnan.
De mars à juin 1943, les Brigades spéciales lancent leur grande filature numéro 2. Sur 150 militants filés, 77 sont arrêtés, torturés, exécutés ou déportés. Cette deuxième filature s’achève par l’anéantissement du deuxième détachement FTP-M.O.I., exclusivement juif, en juin 1943. L’organisation politique de la section juive de la M.O.I. est dévastée.
La troisième filature s’attaque, principalement, à des groupes très actifs, à l’origine d’une série d’actions contre l’occupant nazi. Le 17 mars 1943, un grenadage attaque un groupe de soldats allemands à Levallois-Perret. Le 28 septembre 1943, Julius Ritter, officier SS, responsable du STO en France, est exécuté en plein Paris. L’opération, organisée par Christina Boïco, responsable du service de renseignement des FTP-M.O.I., est préparée par Missak Manouchian et menée par une équipe composée de Léo Kneler, Marcel Rayman et Celestino Alfonso. Les deux derniers sont arrêtés en novembre au cours de cette filature.
La traque cible également Missak Manouchian commissaire militaire FTP-M.O.I. de la région parisienne, arrêté le 16 novembre 1943, en même temps que Joseph Epstein, responsable de l’ensemble des FTP parisiens.
Pendant le mois de novembre 1943,68 FTP-M.O.I. sont arrêtés dont 45 sont déportés en Allemagne. Boris Holban reprend la direction de la branche armée FTP-M.O.I. en décembre.
En février 1944, sur les murs de Paris, la propagande nazie fait placarder l’Affiche rouge, couleur de sang. Les résistants ciblés par la 3ème filature y sont présentés par les nazis et le gouvernement de Vichy, comme des activistes de l’ « armée du crime ». Manouchian est considéré comme le chef de ce groupe. En fait, les résistants qui l’entourent sur l’affiche sont issus de plusieurs détachements FTP-M.O.I. Le régime de Vichy et le service de propagande allemand ont choisi, parmi 23 FTP du groupe, les photos de dix combattants. Sur ces 10 résistants étrangers, 7 sont Juifs, originaires d’Europe de l’Est et désignés comme des assassins.
Les trois filatures aboutissent à l’arrestation de 196 résistants, parmi lesquels 21 femmes, et au démantèlement meurtrier des FTP-M.O.I. Le 21 février 1944,22 membres du groupe Manouchian sont exécutés au Mont-Valérien près de Paris après une mascarade de procès.
« Pourquoi ils luttent, pourquoi ils meurent », dans un tract diffusé en mars 1944 l’UJRE résume la position des Juifs de la M.O.I. : participer au combat aux côtés du peuple français.
SECTION JUIVE DE LA M.O.I.
La section juive yiddishophone, très active, est à la tête de nombreuses institutions sociales et culturelles.
Certains permanents sont membres du Parti communiste. Ils ont, à leurs côtés, quelques centaines d’adhérents qui conservent une activité professionnelle et militent dans le milieu des Juifs immigrés, regroupés, principalement, dans les quartiers populaires du centre et de l’est de Paris.
L’instrument principal de leur influence est, depuis 1934, le journal yiddish quotidien, La Naïe Presse (La Presse Nouvelle). Ces militants agissent au sein de ce qu’on nomme des organisations « de masse », réseaux d’associations diverses qui servent de courroies de transmission pour les mots d’ordre du Parti. Ce sont des viviers d’initiation politique et de recrutement.
Ainsi, la Kultur Ligue, cœur de la vie sociale des jeunes Juifs immigrés, s’installe 10 rue de Lancry et devient en même temps qu’un organisme culturel, une sorte de Bourse du travail et de logement, un bureau de renseignement pour l’obtention de papiers d’identité et de travail. Sous son égide, se créent une bibliothèque, un théâtre yiddish, une chorale, une section de jeunes, un club sportif, un dispensaire, un patronage, des colonies de vacances, une organisation de femmes, des sociétés de villes selon les origines des immigrés… Il s’agit de l’esquisse d’une contre-société couvrant toutes sortes de besoins.
Ces Juifs internationalistes participent aux luttes du mouvement ouvrier français auquel ils sont liés organiquement.
Ils sont partie prenante des combats antifascistes et très présents lors des grandes grèves de 1936 pour soutenir le Front populaire. Ils appuient la république espagnole et beaucoup s’engagent dans les Brigades internationales.
Ils soutiennent la culture yiddish et dénoncent les mesures contre les immigrés, l’antisémitisme en France et les persécutions anti-juives dans l’Allemagne hitlérienne.
Référence
Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Paris, Messidor/Éditions Sociales
LES TROIS GRANDES FILATURES
En priorité, les BS sont chargées de la répression de la Résistance communiste. Des sections des BS sont présentes dans toutes les grandes villes françaises.
Elles sont d’abord constituées de volontaires, en général des policiers membres de partis collaborationnistes. Devant les difficultés de recrutement, de jeunes policiers viennent gonfler les effectifs.
Les unités des BS les plus importantes opèrent en région parisienne et sont responsables des 3 grandes filatures qui dévastent la section juive de la M.O.I.
La première filature débute en janvier 1943 pour se terminer le 18 mars 1943. Elle vise l’organisation des jeunes communistes juifs. 57 jeunes sont arrêtés et déportés à Auschwitz dont Henri Krasucki, Paulette Sliwka, Sam Radzinski, Roger Trugnan.
La seconde filature s’attaque à la branche politique de la M.O.I. qu’elle démantèle et anéantit. La traque commence le 22 avril 1943 et s’achève fin juin. 71 résistants sont arrêtés, torturés, exécutés ou déportés dont pratiquement tous les membres du détachement juif.
Parmi les déportés :
Idl Korman (convoi 60)
Alfred Besserman (convoi 60)
Chana Eva Goldgevicht (convoi 58)
Riwka Régine Grynberg (convoi 58)
Perla Paulette Kwater (convoi 58)
Enfin, la troisième filature est centrée sur les FTP-M.O.I. parisiens. Commencée le 26 juillet 1943, elle prend fin en novembre. Les arrestations s’élèvent officiellement à 56 combattants, dont Joseph Epstein, Missak Manouchian, Marcel Rayman, Olga Bancic.
Les trois grandes filatures menées par les « Brigades Spéciales » aboutissent à l’arrestation de 196 résistants, parmi lesquels 21 femmes, et à la dislocation meurtrière des FTP-M.O.I. En février 1944, une « affiche rouge » placardée sur les murs de Paris y présente des résistants de la 3ème filature, majoritairement Juifs immigrés, comme des assassins.
Missak Manouchian, Arménien, est considéré comme le chef du « groupe ».
Cette triple action a pour objectif la destruction totale et irrémédiable de la section juive de la M.O.I., et de tous les résistants communistes, Juifs ou non, mais dans un tract diffusé en mars 1944, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (l’UJRE) réaffirme sa position : malgré la torture et malgré la mort, continuer le combat aux côtés du peuple français.
Références
— Rayski Adam : L’Affiche Rouge Mairie de Paris
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam,1989, Le sang de l’étrange, Fayard.
LA MAIN-D'OEUVRE IMMIGRÉE (M.O.I.)
Référence
Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowski Michel,1987, Juifs révolutionnaires, Messidor/Éditions sociales
BRIGADES SPÉCIALES
Les Brigades spéciales travaillent en étroite collaboration avec les différents services de la police allemande, dont la Gestapo.
Les résistants, dans leur ensemble, sont les premiers visés mais les BS sont chargées, en priorité, de la répression de la Résistance communiste juive. Des sections des BS sont présentes dans toutes les grandes villes françaises.
À leur création, les BS sont composées de volontaires, généralement des policiers membres de partis collaborationnistes. Toutefois, devant les difficultés de recrutement, de jeunes policiers viennent gonfler les effectifs. L’entraînement à la filature est parfaitement maîtrisé par tous les agents. Les interrogatoires sont d’une grande brutalité (matraquages, tortures, sévices divers).
Les BS les plus importantes opèrent en région parisienne et organisent les 3 grandes traques qui ciblent la M.O.I.
La première filature commence en janvier 1943 pour se terminer le 18 mars 1943. Elle concerne l’Organisation des Jeunes communistes juifs. 57 jeunes sont arrêtés sous l’inculpation d’assassinats, menées terroristes et complicité.
Parmi ces jeunes, Henri Krasucki, Paulette Sliwka, Sam Radzinski et Roger Trugnan, sont déportés à Auschwitz comme la plupart de leurs camarades.
La seconde filature vise la branche politique et militaire de la M.O.I. Elle commence le 22 avril 1943 et se termine fin juin. 71 résistants sont arrêtés et déportés. Les membres du détachement juif sont remis directement aux Allemands par la police française. L’organisation juive est démantelée.
Enfin la troisième filature menée par les Brigades spéciales est centrée sur les FTP-M.O.I. parisiens, originaires de plusieurs détachements, et qui ont mené des actions décisives contre des responsables nazis. Commencée le 26 juillet 1943, cette 3ème filature prendra fin en novembre 1943.
63 résistants sont arrêtés dont Joseph Epstein, Missak Manouchian et Marcel Rayman qui seront fusillés et Olga Bancic qui sera décapitée.
Référence
Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le Sang de l’étranger. Ed. Fayard
UNION DE LA JEUNESSE COMMUNISTE JUIVE (UJC ou JCJ)
Nombre de jeunes Juifs, actifs au sein de la jeunesse communiste française ou inscrits dans des structures éducatives juives progressistes, telles les patronages ou les clubs sportifs comme le YASC grossissent les rangs de l’UJCJ. Ils comprennent qu’il leur faut lutter aux côtés de la population juive tout entière en danger de mort face au nazisme et qu’ils ont plus de chance de survivre dans la clandestinité.
Les jeunes collent des « papillons » sur les murs, diffusent des tracts et des appels à la lutte contre l’occupant, avertissent les Juifs de Paris de l’imminence d’une rafle massive (la rafle du Vel’ d’Hiv, en juillet 1942), ils aident à cacher les enfants…
Au fur et à mesure de la répression, de nouveaux jeunes rejoignent la jeunesse communiste juive, souvent pour venger leurs parents déportés. 10 % d’entre eux sont versés dans les FTP-M.O.I. Tous ces résistants allient ainsi solidarité envers une population vouée à l’extermination et participation à la Résistance nationale.
Le 23 mars 1943, à la suite de longues filatures menées par les Brigades spéciales de Paris, 57 jeunes communistes juifs sont arrêtés et déportés. Seuls 7 d’entre eux reviendront d’Auschwitz.
Référence
Ravine Jacques, 1973, La Résistance organisée des juifs en France (1940-1944). Ed. Julliard
AUSCHWITZ, CAMP DE CONCENTRATION ET D’EXTERMINATION
D’autres camps de travail forcé alentour vont contribuer également au développement de l’économie allemande.
En 1941, Himmler ordonne la construction d’un camp spécifique, destiné à l’extermination massive des Juifs d’Europe, sur le site du village voisin de Birkenau. Après divers essais sur les prisonniers de guerre, le gaz Zyklon B (un insecticide puissant) est utilisé par les nazis pour éliminer les déportés.
À partir de juillet 1942, les médecins nazis pratiquent la sélection à l’arrivée au camp : les déportés valides, rasés et tatoués d’un numéro matricule, sont envoyés au travail, les vieillards, les faibles, les femmes enceintes et les enfants à la mort.
Un chemin de fer aboutit au camp et en un jour, on peut décharger les victimes, en gazer 3 000 et en brûler près de 4 800.
R. Höss, commandant du camp, organise industriellement la mise à mort en trois temps : une zone de déshabillage (vêtements, chaussures, lunettes, prothèses dentaires sont récupérés, triés et destinés à la population allemande), une zone de gazage et une zone de fours crématoires.
Les médecins du camp effectuent des recherches « scientifiques » pour l’anéantissement biologique des populations non aryennes. Les nourrissons, les jumeaux, les nains, les femmes enceintes servent de « cobayes » aux manipulations génétiques du docteur Mengele.
Fin novembre 1944, face à l’avancée des armées alliées, Himmler donne l’ordre de détruire toutes les preuves du génocide et de démanteler les installations de mise à mort. Le 17 janvier 1945, le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau est évacué. La « marche de la mort » entraîne sur les routes 58 000 déportés vers un camp de concentration éloigné. Ils avancent plusieurs jours dans le froid et la neige, sans nourriture. Beaucoup meurent en chemin, abattus par les nazis ou épuisés.
Au moins 1,3 million de personnes sont déportées à Auschwitz-Birkenau. Près d’un million de Juifs d’Europe y sont assassinés (dont 69 000 Juifs de France) ainsi que des Tziganes. Les Juifs représentent 90 % des victimes. Le camp d’Auschwitz-Birkenau n’est pas le seul centre de mise à mort mais il est devenu le symbole de la barbarie nazie. Il est libéré par l’Armée rouge le 27 janvier 1945.
Référence
Mémorial de la Shoah, 2011, Enseigner la Shoah. Étude de cas : le complexe d’Auschwitz-Birkenau.

Henri Krasucki
(1924-2003)
Henri Krasucki, né dans la banlieue de Varsovie, a 4 ans quand il rejoint à Paris son père, émigré depuis 1926.
Ses parents sont ouvriers du textile et yiddishophones. Ils apprennent le français aux cours du soir.
Henri fréquente le patronage laïque La Bellevilloise et le patronage créé par la section juive de la M.O.I.
Membre des Jeunesses communistes juives, il assume, dès le début de l’Occupation allemande, des responsabilités dans son quartier puis dans le 20ème arrondissement. Entré dans l’illégalité, il interrompt sa formation en ajustage métallurgique et devient résistant à temps plein. En août 1942, Henri Krasucki, appelé à la direction parisienne des jeunes de la section juive de la M.O.I., choisit ceux d’entre eux qui rejoindront les FTP-M.O.I.“Nous n’avons jamais manqué de volontaires, mon problème était de faire preuve de discernement”.
Le 20 janvier 1943, son père, résistant, est arrêté et déporté à Birkenau dont il ne reviendra pas.
Les Brigades Spéciales organisent trois grandes filatures contre les organisations de la M.O.I. parisienne. La première aboutit en mars 1943 à l’arrestation de dizaines de jeunes communistes juifs dont “Bertrand”-Henri Krasucki et “Martine”-Paulette Szlifke (P. Sarcey).
Henri Krasucki est longuement torturé, y compris devant sa mère, au commissariat de Puteaux et dans les locaux de la police allemande. Il est mis au secret dans le quartier des condamnés à mort à la prison militaire allemande de Fresnes. En juin 1943, il est transféré à Drancy où il retrouve sa mère et plusieurs de ses camarades. C’est comme Juifs et non comme résistants qu’ils sont déportés par le convoi n°55 à Auschwitz.
Les hommes et les femmes sont immédiatement séparés. Henri Krasucki, Samuel Radzinski et Roger Trugnan sont affectés à Jawischowitz (camp annexe d’Auschwitz), où sont exploitées deux mines de charbon. Henri Krasucki devient le responsable du petit groupe de Français dans l’organisation de solidarité et de Résistance du camp. A l’approche des troupes soviétiques, Jawischowitz est évacué. Après un voyage de trois jours sous la neige, à pied et en wagons découverts, les survivants arrivent au camp de Buchenwald.
Le 11 avril 1945, Henri Krasucki participe à la libération du camp. Il est de retour à Paris à temps pour prendre part à la manifestation du 1er mai. Il a 20 ans.
Du convoi 55 pour Auschwitz comprenant 1018 déportés, il ne reste que quelque 80 survivants.
Après la Libération, Henri Krasucki devient membre du Comité central et du Bureau politique du PCF, directeur de la Vie Ouvrière et Secrétaire général de la CGT.
Références
— Langeois Christian, 2012, Henri Krasucki. Éd du Cherche-Midi.
— Laffitte Mourad et Karsznia Laurence, 2015, Une jeunesse parisienne en résistance. Film documentaire.
— Photo : MNR-Champigny (DR)

Paulette Sarcey
(1924-2020)
Paulette Szlifke naît à Paris en 1924 dans une famille juive polonaise yiddishophone. Son père, communiste, milite au syndicat CGT des Cuirs et Peaux et dans le groupe de langue yiddish créé par le Parti Communiste. Paulette fréquente les patronages liés à la section juive de la M.O.I., participe à leur activité militante et est informée du sort des Juifs sous le régime nazi.
Membre des Jeunesses communistes juives créées par la section juive de la M.O.I., elle s’engage très tôt dans la lutte contre Vichy et la barbarie hitlérienne. Avec ses amis du patronage, elle tapisse les murs de Paris avec des affichettes, distribue des tracts sur les marchés, dans les cinémas de quartier, dans les usines et dans le métro. Ensemble, ils incendient les poteaux indicateurs destinés à l’armée allemande et organisent des manifestations avec les Jeunes communistes de Paris. Avant la rafle du Vel’ d’Hiv, informés par l’organisation « Solidarité », ils alertent de nombreux Juifs pour qu’ils cherchent des abris sûrs. En 1943, ces jeunes sont arrêtés par les Brigades Spéciales, envoyés à Drancy et déportés à Auschwitz-Birkenau en 1943. Paulette a 19 ans.
Arrivés dans le camp après trois jours de voyage en wagons plombés, hommes et femmes sont séparés, la majorité est gazée immédiatement. Paulette et plusieurs de ses camarades sont affectées à des commandos de travail. Témoin des horreurs quotidiennes, elle racontera notamment la pendaison des quatre jeunes femmes impliquées dans la révolte du Sonderkommando qui a détruit deux des quatre fours crématoires en septembre 1944.
Paulette doit sa survie à la Résistance intérieure du camp organisée par le Comité international clandestin qui assure une solidarité permanente aux déportés. Son principal contact y est Marie-Claude Vaillant-Couturier.
Après une “marche de la mort” qui les conduit à Ravensbruck et à Neustadt, les déportées rescapées sont libérées par les Soviétiques au début de mai 1945.
De retour en France, Paulette se consacre aux enfants de déportés et fusillés et milite à la CCE (Commission Centrale de l’Enfance) auprès de l’UJRE à laquelle elle est viscéralement attachée.
Elle a témoigné tout au long de sa vie pour honorer le serment fait à son arrivée à Auschwitz : « […] si l’une d’entre nous survit, elle devra raconter pour que le monde sache… J’ai tenu parole : j’ai raconté, parlé, témoigné ma vie durant…”
En 2015, paraît Paula, survivre obstinément, le récit d’une Juive, communiste, résistante.
Paulette Szlifke, plus connue sous le nom de Paulette Sarcey, meurt à Montreuil le 4 mai 2020.
Références
— Sarcey Paulette avec Karen Taïeb, 2015, Paula, survivre obstinément. Éd Tallandier.
— Lebel Jean-Patrick : 1986, La cité de la Muette (film)
— Photo : © Préfecture de Police

Roger Trugnan
(1923-2016)
Roger Trugman, devenu Roger Trugnan après-guerre, naît à Paris dans une famille juive.
Sa mère est couturière ; son père, ébéniste , a fui la Bessarabie (actuelle Moldavie) en 1910 à la suite de pogroms.
Ses parents adhèrent au Parti communiste en 1928. Très jeune, Roger est inscrit chez les « Pionniers » du 11ème arrondissement de Paris, fréquente les patronages laïques, les colonies de vacances du Secours Rouge puis celles des Amis de la M.O.I.
En 1940, il organise dans le 11ème arrondissement, les premiers triangles (groupe de trois résistants) de la Jeunesse communiste. Ces jeunes distribuent des tracts sur les marchés, aux sorties des métros, des cinémas et collent des papillons sur les murs « pour faire grandir l’esprit de Résistance à l’occupant dans la population. »
Sa sœur cadette, Germaine, suit ses traces et s’engage très jeune dans le combat.
Louis Gronowski , dirigeant national de la M.O.I., fait participer Roger Trugnan à l’écriture et à la relecture de tracts et de textes, notamment pour une brochure parue en 1941 : « L’antisémitisme, le racisme, la question juive »
En 1942, Roger Trugnan part en zone sud pour retrouver ses parents et sa sœur. Tous trois seront déportés en avril 1944, aucun ne reviendra…
Rentré à Paris en 1943, Trugnan reprend la lutte contre l’ennemi nazi et renoue les liens avec ses camarades de la Jeunesse communiste juive (JCJ) de la M.O.I.
Ils sont « filés » depuis plusieurs mois par les Brigades Spéciales (BS). L’objectif : la traque des communistes et des Juifs. Trugnan est fiché par les BS sous le surnom de « Blondinet ».
Le 23 mars 1943, il est arrêté avec une cinquantaine de jeunes de la JCJ, dont Henri Krasucki et Paulette Szlifke (ou Sliwka puis Sarcey).
Après des interrogatoires brutaux, Roger Trugnan est interné à Drancy puis déporté, le 23 juin 1943, à Auschwitz-Birkenau.
Seulement 6 des 50 jeunes arrêtés reviendront d’Auschwitz.
Trugnan est affecté, tout comme Henri Krasucki et Samuel Radzinski, dans un commando dédié à l’extraction du charbon, à Jawischowitz. Il organise avec ses camarades des actions de sabotage dans la mine.
En janvier 1945, à l’approche de l’armée soviétique, il est transféré à Buchenwald après une terrible « marche de la mort » de trois jours. La solidarité est essentielle pour lui et tous les résistants.
Le 29 avril 1945, il regagne enfin Paris où il apprend la disparition de ses parents et de sa sœur.
Sa vie durant, il poursuit son engagement au sein du Parti communiste et s’engage dans un travail de mémoire à l’AMEJD (association pour la mémoire des enfants juifs déportés).
Il meurt à Paris le 22 février 2016.
Références
— Le Maitron , 2016, Claude Willard
— Diamant David, 1971, les Juifs dans la Résistance française. Edition le Pavillon
AACCE, 2009, Les Juifs ont résisté en France 1940-1945. Ed. AACCE.
— Photo collection particulière (DR)
GROUPES FTP-M.O.I.
Parmi les résistants FTP-M.O.I., nombreux sont les anciens combattants des Brigades Internationales rompus au maniement des armes en Espagne et à la clandestinité dans leurs pays d’origine.
À leurs côtés, de très jeunes résistants sans expérience se portent volontaires. La répression particulière qui frappe les Juifs les rend plus rapidement combatifs.
Les Juifs d’origine immigrée sont versés dans plusieurs détachements mais le deuxième détachement est exclusivement juif. Une équipe spéciale est formée de combattants d’élite pour les opérations délicates. Des Juifs y participent.
Être FTP-M.O.I., c’est vivre en clandestin et se consacrer à plein temps à l’activité militaire. Les FTP-M.O.I. juifs sont pris en charge par la section juive de la M.O.I. et doivent couper tout contact avec leurs familles. Pour eux, à la fois résistants et juifs, la nécessité de la clandestinité est double.
Les FTP-M.O.I. sont, en France, des acteurs essentiels de la lutte armée qui commence par des actions isolées symboliques avant l’organisation d’une véritable guérilla urbaine ou de maquis en régions.
Ils ont pour responsables militaires des FTP et pour responsables politiques, des militants de la M.O.I.
Les attaques directes de ces combattants contre les objectifs militaires sont décisives : déraillements de trains ennemis transportant du matériel de guerre, lieux de commandement allemands incendiés, dépôts d’armes dévastés, camions militaires détruits, hôtels réquisitionnés par l’armée assaillis…
Les FTP. M.O.I. sont traqués dans la France entière. Les FTP-M.O.I. juifs peuvent mener des opérations concluantes grâce à l’aide de la Résistance civile de la section juive de la M.O.I. et d’une partie de la population française.
En 1944, les mouvements de Résistance se rassemblent en une structure unique, les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Les FTPF et les FTP-M.O.I. sont intégrés aux FFI.
Les Juives et Juifs engagés militairement dans les FTP-M.O.I. sont mus, certes, par un désir profond de lutte face à l’extermination mais ils sont portés, tout autant, par un idéal de justice et par leur amour pour la République française.
Référence
Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le Sang de l’Étranger (Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance), Paris. Ed. Fayard
Manessis Dimitri & Vigreux, Jean, 2024, « Avec tous tes frères étrangers. De la MOE aux FTP-MOI ». Ed. Libertalia
NAZISME
Le nazisme a pour but de créer une communauté nationale fondée sur la race épurée des Allemands (la race aryenne). Elle doit aussi être « améliorée » : par exemple, les opposants politiques et les individus qui manifestent des « comportements asociaux », tels les homosexuels, doivent être rééduqués dans des camps de concentration. Ceux qui sont biologiquement indésirables (handicapés, malades mentaux) doivent être expulsés de la communauté. Les “sous-hommes”, tels les Slaves, les Asiatiques, Arabes et Noirs peuvent être dominés. Les Tziganes, aryens supposés corrompus par des mélanges raciaux qui leur ont fait perdre leur aryanité, sont déportés et exterminés. On estime à 200.000 le nombre de Tziganes victimes de cette politique génocidaire.
Selon la doctrine nazie, les Juifs sont situés hors de la « sous-humanité » et constituent une menace permanente pour la pureté aryenne ; élément d’anéantissement de la communauté, la « souillure juive » doit être combattue, au regard d’Hitler et de ses adeptes, par tous les moyens jusqu’à la disparition de tous les Juifs.
Les mesures antijuives sont toujours présentées comme une réponse au « danger » venant des Juifs « agresseurs ». Pour détruire cette « race », les nazis mettent en œuvre la « solution finale de la question juive ».
Cette politique criminelle d’extermination des Juifs, systématique, programmée et à grande échelle, sur l’ensemble du continent européen, entraîne la mort de près de 6 millions d’êtres humains.
Au lendemain de la chute du régime nazi, ses principaux dirigeants sont jugés lors du procès de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946) et condamnés pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.
Référence
Benbassa Esther (collectif), 2010, Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations. Larousse À présent.
ORGANISATION SCHUTZSTAFFEl (5S)
Heinrich Himmler, principal dirigeant de la SS, est l’organisateur de l’extermination des Juifs d’Europe avec son adjoint, Reinhard Heydrich. Adolf Eichmann, autre haut dignitaire de la SS, assure la logistique de la « Solution finale de la question juive ».
La SS planifie les massacres de masse (ou « Shoah par balles ») en Europe de l’Est en déployant les « Einzatsgruppen », des unités mobiles meurtrières, principalement en Ukraine, en Lituanie ou en Biélorussie. Près de 3 millions de Juifs sont assassinés par fusillades.
Les camps d’extermination par le gaz, conçus par la SS, prennent le relais des massacres de masse et « industrialisent » le processus de destruction. Les centres de mise à mort de Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka, Auschwitz-Birkenau et Majdanek sont tous gérés par la SS. C’est la SS, encore, qui écrase le soulèvement du Ghetto de Varsovie.
En France, alors que la fin du nazisme est proche, c’est une division SS qui perpètre le massacre d’Oradour-sur-Glane (648 villageois brûlés vifs dans l’église en représailles à des actions des Résistance).
La SS est directement responsable de la « Shoah ». Toutes nationalités confondues, les victimes juives des nazis en général et de la SS en particulier s’élèvent à 6 millions.
Au procès de Nuremberg (1945-1946), la SS, qui a répandu la terreur sur l’Europe entière, est déclarée officiellement « organisation criminelle ».
Références
— Wieviorka Annette, 2006, le procès de Nuremberg. Ed Levi.
— Arendt Hannah, 1966, Eichmann à Jérusalem. Ed. Guérin et 1991, Gallimard folio.

Cristina Boïco
(1916-2002)
Cristina Boïco, de son vrai nom Bianca Marcusohn, juive roumaine, naît le 8 août 1916 à Botosani. Très jeune, elle adhère au mouvement clandestin des Jeunesses communistes. Étudiante en biologie à Bucarest, elle s’expatrie en France en 1938 pour y parfaire sa formation. À Paris, elle fréquente les milieux scientifiques progressistes et milite contre le fascisme. En 1941, elle participe à l’Organisation Spéciale (OS) créée par les communistes et s’engage dans la lutte armée au sein de la M.O.I. Elle intègre les FTP-M.O.I. à leur création, en 1942, dans le groupe roumain. Proche du responsable militaire Boris Holban, qu’elle a connu à Bucarest, elle prend la direction du Service de renseignement parisien des FTP-M.O.I. En 1943, elle conçoit et organise, notamment, l’attentat réussi contre Ritter, le dirigeant nazi du STO.
Cristina Boïco échappe à la vague d’arrestations qui décime les FTP-M.O.I. et poursuit son engagement de combattante jusqu’à la fin de la guerre.
Après la Libération, elle regagne la Roumanie où elle exerce diverses responsabilités.
Victime des « purges » du régime Ceausescu, elle quitte son pays en 1987 et s’installe en France. Elle meurt le 16 avril 2002 à Paris.
Références
— Boïco Cristina, 1994, Avec les FTP parisiens in Regards sur la mémoire, témoignage. ANACR du 18e arrondissement de Paris.
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le Sang de l’étranger, Paris, Éd. Fayard.
— Photo : coll. particulière (DR)

Missak Manouchian
(dit Georges)
(1906-1944)
Missak Manouchian naît le 1er septembre 1906, en Arménie (Empire ottoman), dans un milieu paysan. Sa famille est massacrée par les Turcs quand il a neuf ans. Pris en charge par la communauté arménienne, il est accueilli avec son frère, Karapet, dans un orphelinat au Liban sous mandat français. Il y est formé au métier de menuisier. En 1925, il débarque à Marseille avec Karapet puis décide de venir à Paris où il est embauché comme tourneur chez Citroën.
Il s’intéresse à la littérature, écrit des poèmes et suit des cours à la Sorbonne en auditeur libre. Avec un ami arménien, il fonde deux revues, Tchank (l’Effort) puis Machagouyt (Culture), dans lesquelles ils publient des articles sur la littérature française et la littérature arménienne.
Il adhère au Parti communiste français ainsi qu’au HOC (Comité de secours pour l’Arménie), et participe au groupe arménien rattaché à la M.O.I. Il prend la direction, en 1935, du journal Zangou publié sous l’autorité du HOC. Dans ces circonstances, il fait la connaissance de Mélinée Assadourian qu’il épouse en février 1936. Après la dissolution du HOC en 1937, il œuvre pour constituer l’Union populaire franco-arménienne. Il est arrêté à la suite de l’interdiction du PCF en septembre 1939.
Engagé volontaire, il est affecté dans le Morbihan. Après la défaite, il doit rester dans la Sarthe, sous le contrôle des autorités, mais réussit à s’enfuir au début de 1941. De retour à Paris, il est à nouveau arrêté en juin 1941 et interné au camp de Royallieu à Compiègne. Responsable politique de la section arménienne au sein de la M.O.I., il rejoint en février 1943, sous le pseudonyme de Georges, le premier détachement FTP-M.O.I. En juillet 1943, il remplace Alik Neuer, arrêté en qualité de responsable technique des FTP-M.O.I. de Paris. En août 1943, il prend, à la suite de Boris Holban, la direction militaire des FTP-M.O.I. parisiens. Il supervise notamment, le 28 septembre 1943, l’attentat contre Julius Ritter, général SS, adjoint pour la France de Fritz Sauckel, responsable du Service du travail obligatoire (STO).
Dès le mois de septembre 1943, Missak Manouchian est repéré par la Brigade spéciale 2 et son domicile clandestin identifié. Le 16 novembre 1943, alors qu’il a rendez-vous avec Joseph Epstein, responsable des Francs-Tireurs et partisans français (FTP) il est arrêté, en même temps que ce dernier, à la gare d’Évry Petit-Bourg. Torturé, Manouchian est remis aux autorités allemandes avec vingt-deux de ses camarades FTP-M.O.I. Le 19 février 1944, les vingt-trois inculpés sont tous condamnés à mort, lors d’un procès à huis clos, devant une cour martiale allemande, à Paris. Ils sont fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944.
Une « Affiche rouge », destinée à provoquer la peur, exhibe les photos de 10 de ces résistants (7 Juifs immigrés, 1 Espagnol, 1 Italien, 1 Arménien – Manouchian), issus de plusieurs détachements FTP-M.O.I. Placardée par l’occupant sur les murs des principales villes de France, l’affiche suscite, au contraire, la sympathie de la population pour les condamnés du « groupe Manouchian ».
Références
— Le Maitron : notice par Jean-Pierre Besse
— Peschanski Denis, 2013, Des étrangers dans la Résistance : Éditions de l’Atelier/Musée de la Résistance nationale
— Photo (DR)

Marcel Rayman
(dit Simon Maujean, dit Faculté, dit Michel, dit Michel Mieczlav)
(1923-1944)
Né en Pologne, à Varsovie, Marcel Rajman arrive en France en 1931. Il vit avec ses parents à Paris, rue des Immeubles industriels dans un logement du 11ème arrondissement. À dix ans, il entre aux « Pionniers » et au club sportif ouvrier Yask créés par la section juive de la M.O.I. (Main-d’œuvre immigrée). A 15 ans, il passe son brevet et, en famille, exerce le métier de tricoteur.
Dès le début de l’Occupation il participe clandestinement au collage d’affiches et à la distribution de tracts et de papillons. Il devient responsable des J.C., Jeunes communistes, du 11ème arrondissement puis milite dans l’organisation de la Jeunesse communiste juive (JCJ).
En août 1941, au cours d’une des rafles de Juifs parisiens, Marcel assiste à l’arrestation de son père dont il apprend rapidement la déportation. Profondément choqué, il demande, en 1942, à être recruté dans le deuxième détachement, le détachement juif des FTP-M.O.I. (Francs -tireurs et partisans de la M.O.I.). Il devient formateur pour l’ensemble des FTP-M.O.I. et entraîne les nouveaux combattants, dont l’Arménien Missak Manouchian.
Dans les six premiers mois de 1943, les FTP-M.O.I. parisiens perpètrent 92 attentats, dont un peu moins de la moitié sont des attaques directes extrêmement risquées
Marcel Rajman est très recherché lors des filatures menées par les Brigades spéciales.
À partir de juin 1943, avec Leo Kneler, Spartaco Fontano et Celestino Alfonso, il fait partie des quatre combattants composant l’ « Équipe spéciale » en charge des actions les plus spectaculaires et dangereuses contre l’occupant. Il en devient le responsable militaire.
L’Équipe spéciale tente, notamment, le 28 juillet, un attentat contre le commandant du Grand-Paris, le général von Schaumburg. C’est un échec. Mais le 2 8 septembre 1943, elle abat Julius Ritter, responsable nazi du Service du travail obligatoire STO), en France. L’action a été minutieusement préparée par le service de Renseignement des FTP-M.O.I. de Paris.
En 1943, Marcel Rajman est repéré par la police sous sa véritable identité. Il est arrêté par les Brigades Spéciales, le 16 novembre 1943, lors d’un rendez-vous avec Olga Bancic, autre membre des FTP-M.O.I. Pendant trois mois, il est sauvagement torturé.
Il est inculpé dans le procès des 23 FTP-M.O.I. qui se déroule les 17 et 18 février 1944. Son nom et sa photographie figurent sur « l’Affiche rouge » réalisée par les Allemands, avec pour légende : « Rayman-Juif polonais-13 attentats. » Le tribunal militaire allemand le condamne à mort. Il est fusillé au fort du mont Valérien le 21 février 1944 avec 21 membres du « groupe Manouchian ». Il a 20 ans.
Le 20 février 1994, un square portant son nom est inauguré dans le 11ème arrondissement de Paris.
Références
— Diamant David, 1984 Combattants Héros et martyrs de la Résistance Édition Renouveau
— Le Maitron : notice de Daniel Grason
— Arch. PPo. 77W 3460, GB 137 BS2, PCF carton 15 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux

Joseph Epstein
Dit colonel Gilles, Joseph André (ou Andrej),
André Duffau
(1911-1944)
Né en Pologne, à Zamość, le 16 octobre 1911, Joseph Epstein appartient à une famille aisée de culture yiddish. Dès son plus jeune âge, il participe, dans les rangs du Parti communiste de Pologne, à la lutte contre le gouvernement dictatorial de Józef Piłsudski. Il poursuit des études de Droit à l’université de Varsovie.
Il est arrêté lors d’une prise de parole devant une usine ; libéré sous caution, il quitte la Pologne pour la Tchécoslovaquie.
Il est aussitôt expulsé, gagne la France en 1931 et obtient sa licence de droit à Bordeaux.
En 1936, lorsqu’éclate la guerre d’Espagne, il est l’un des premiers volontaires. Il combat aux côtés des Républicains espagnols dans les Brigades internationales et est grièvement blessé sur le front d’Irun. Pendant sa guérison, il participe en France, à l’action de la compagnie maritime « France Navigation », chargée du transport d’armes pour l’Espagne républicaine.
Il participe à la bataille de l’Èbre, sous le pseudonyme de Joseph André, et est cité à l’ordre de l’Armée ; il devient capitaine. Après la chute de la République espagnole, en 1939, il revient en France et est interné au camp de Gurs. Il est libéré en juillet 1939.
Engagé dans la Légion étrangère, Joseph Epstein est fait prisonnier en mai 1940. Il est envoyé dans un stalag en Allemagne d’où il s’évade en décembre 1940 et rejoint la lutte clandestine en France auprès des Francs-tireurs et partisans (FTPF ou, plus simplement, FTP).
D’abord principal responsable, en 1942, des groupes de sabotage et de destruction (GSD) créés par les syndicats CGT au sein des entreprises contraintes de travailler pour l’Occupant, il devient responsable militaire des FTP de la région parisienne, en février 1943, sous le nom de Colonel Gilles. Aux groupes de trois résistants, de règle dans l’organisation clandestine, il a l’idée de substituer des unités de dix à quinze combattants en mesure de réaliser un certain nombre d’actions spectaculaires. Cette organisation permet d’assurer la protection des lanceurs de bombes ou de grenades qui interviennent les uns après les autres, en cascade. Epstein instaure ainsi une tactique de « guérilla urbaine » que mettent en œuvre les FTP et les FTP-M.O.I. Dynamitage de trains, de voies ferrées, destruction de pylônes électriques, de ponts, sabotage dans les usines, ces techniques de guérilla sont celles qu’il avait apprises lors de la guerre civile espagnole.
Dénoncé, Joseph Epstein est arrêté en gare d’Évry Petit-Bourg, le 16 novembre 1943, lors d’un rendez-vous avec Missak Manouchian, FTP-M.O.I.
Atrocement torturé par les inspecteurs des Brigades spéciales, il ne livre aucun nom.
Joseph Epstein est fusillé, sous le nom de Joseph André, au fort du Mont-Valérien avec 28 autres résistants, le 11 avril 1944.
Le jour de son exécution, il aide un camarade à s’évader du camion qui les conduit au peloton d’exécution.
En 2004, son nom est donné à une place du 20e arrondissement de Paris.
Références
— Convert Pascal, 2007, Joseph Epstein : Bon pour la légende. Ed. Séguier.
— Dictionnaire le Maitron en ligne. 2020. Jean Maitron-Claude Pennetier.
— Photo : Pascal Convert – documentaire France 2008 (DR)

Boris Holban
(1908-2004)
Baruch Bruhman, dit Boris Holban, naît le 20 avril 1908 dans un village de Bessarabie (actuelle Moldavie), soumis à de nombreux pogroms. Après l’occupation de la région par l’armée roumaine, Holban poursuit des études scientifiques en roumain. Plus tard, il devient enseignant. Conscient des inégalités sociales ou ethniques, notamment à l’égard des Juifs, il s’engage dans le Parti communiste roumain clandestin.
Holban est emprisonné à plusieurs reprises et envoyé dans un régiment disciplinaire. En 1938, il est déchu de la nationalité roumaine en tant que Juif de Bessarabie et émigre en France où il prend contact avec des communistes roumains. Très vite, il est chargé de la direction du Comité d’aide aux volontaires roumains en Espagne.
En 1939, à la déclaration de la guerre contre l’Allemagne, il se présente comme engagé volontaire et est affecté à Barcarès. Il part au Front, est fait prisonnier par les Allemands en juin 1940 et parvient à s’évader.
En janvier 1941, il revient clandestinement à Paris et participe aux premières actions de Résistance de l’OS (Organisation spéciale) créée à l’automne 1940 par le PCF.
Rapidement, il constitue et dirige les groupes armés roumains de la M.O.I. puis il devient responsable des groupes de combattants de la M.O.I.
Fin 1941, Holban (dit aussi Roger ou Olivier) est désigné par le PCF pour opérer, avec Jacques Kaminski, dirigeant national de la M.O.I., la fusion de l’OS-M.O.I. avec les FTP. En 1942, Kaminski confie à Holban la direction militaire des FTP-M.O.I., zone nord.
Boris Holban est en désaccord avec la stratégie de la M.O.I. qui souhaite démultiplier les actions. Il juge cette option dangereuse et est remplacé, entre août et novembre 1943, par Missak Manouchian.
Mis à la disposition de la direction nationale de la M.O.I., il travaille, notamment, à la constitution des premiers maquis.
Fin 1943, après l’arrestation de Manouchian, Holban est réintégré comme chef militaire des FTP-M.O.I.
Avec Cristina Boïco, responsable du service de renseignement, il analyse les objectifs des interventions et veille à leur bon déroulement.
Le 20 septembre 1944, Boris Holban prend le commandement du bataillon 51-22, composé de participants aux combats de la Libération, notamment de résistants FTP-M.O.I.
Démobilisé en 1946, Boris Holban retourne en Roumanie mais, affecté par les purges antisémites, il émigre définitivement en France, en 1984.
Il meurt le 27 juin 2004.
Références
— Holban Boris, 1994, Après 45 ans de silence, le chef militaire des FTP-M.O.I. de Paris parle. Testament. Ed Calmann-lévy
— Courtois Stéphane, Peschanski Denis, Rayski Adam, 1989, Le sang de l’Étranger. Ed. Fayard.
AFFICHE ROUGE
Dès 1942, les Brigades spéciales de la Préfecture de Police (BS), en collaboration avec les services de sécurité allemands, prennent pour cible les organisations de Résistance politique et militaire de la M.O.I.
La troisième filature des BS (juillet-novembre 1943) aboutit à 68 arrestations. Ces 68 résistants sont remis par les policiers français aux autorités d’Occupation. 45 sont déportés en Allemagne. Pour les 23 autres, les Allemands décident d’organiser un procès à grand spectacle.
La chute des FTP-M.O.I. s’étend aussi aux FTPF. 40 résistants français sont arrêtés en décembre 1943. Leur procès est séparé de celui de la M.O.I. afin de monter une campagne xénophobe et antisémite qui aura pour centre l’«Affiche rouge». La presse annonce le procès de «23 terroristes juifs et étrangers» à l’hôtel Continental. Ce procès ne dure qu’une journée (une seule audience) le 19 février 1944 mais de longs comptes rendus sont publiés quatre jours consécutifs jusqu’au mardi 23 février, deux jours après l’exécution des condamnés.
La Propagandastaffel (le service allemand de propagande) de concert avec les services de Vichy, veut faire croire à l’existence d’un vrai et long procès au cours duquel tous les accusés ont la possibilité de s’exprimer.
Le tribunal militaire allemand prononce la condamnation à mort des “23”. Une affiche rouge est placardée sur tous les murs des grandes villes de France. Déclinée en tracts et en brochures, elle est destinée à discréditer la Résistance désignée comme une armée “de terroristes juifs et immigrés à la solde de l’Angleterre et des bolchéviks russes». Sur les 23 résistants, la moitié sont Juifs et présentés comme tels ; les photos de 7 d’entre eux figurent sur l’affiche qui devient le symbole de la Résistance des étrangers au nazisme : Grywacz, Juif polonais, Elek, Juif hongrois, Wasjbrot, Juif polonais, Witchitz, Juif hongrois, Fingerweig, Juif polonais, Boczov, Juif hongrois, Rajman, Juif polonais.
Les 23 hommes sont fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Golda (Olga Bancic) transférée à Stuttgart est décapitée le 10 mai, le jour de son 32ème anniversaire.
En 1955, est inaugurée, à Paris, dans le 20ème arrondissement, une «rue du groupe Manouchian», du nom du responsable militaire (Arménien) des FTP-M.O.I. de Paris-dont le portrait figure sur l’«Affiche-rouge ».
Le poète Louis Aragon écrit “Strophes pour se souvenir” publiées en première page de l’Humanité, le 6 mars 1955. Le poème s’achève par ces vers :
23 étrangers et nos frères pourtant
23 amoureux de vivre à en mourir
23 qui criaient : La France en s’abattant.
Référence
Rayski Adam, 2009, “L’Affiche Rouge”. Ed. Mairie de Paris.
PROPAGANDE NAZIE
Outre les vecteurs traditionnels (journaux, tracts, affiches…), la propagande nazie recourt aux spectaculaires défilés nocturnes aux flambeaux, aux meetings monstres filmés et projetés dans les salles de cinéma.
Elle utilise aussi les autodafés : les nazis brûlent en place publique, par milliers, les ouvrages non conformes au national-socialisme et, en particulier, ceux des auteurs juifs.
En août 1936, les XIème Jeux Olympiques alimentent la propagande pour offrir au monde une apparence pacifique et tolérante du IIIème Reich. Les exploits sportifs des « Aryens » sont glorifiés dans le film Les Dieux du stade de la cinéaste Leni Riefenstahl.
Les médias audiovisuels sont également investis :
— en 1937, Goebbels contrôle toutes les radios. La propagande pénètre ainsi dans chaque foyer allemand.
— dès le 12 septembre 1933, Hitler créé un Département du Film au sein du Bureau de propagande. L’Allemagne devient le plus grand producteur cinématographique en Europe. Outre les films de Leni Riefenstahl (dans Le Triomphe de la volonté, Hitler est présenté comme un dieu), Goebbels exige, fin 1938, la réalisation de films antisémites comme le célèbre Juif Süss, visionné par plus de 20 millions de spectateurs. Des documentaires sont produits à usage de propagande extérieure, par exemple Theresienstadt, tourné à l’été 1944 dans le camp de concentration du même nom pour convaincre la Croix-Rouge que les Juifs y sont bien traités.
En France occupée, les nazis diffusent leur propagande et contrôlent, sans exception, tous les moyens de diffusion. L’exposition violemment antisémite « Le Juif et la France » du 5 septembre 1941 à l’été 1942, est financée par l’Institut d’étude des questions juives (IEQJ) et atteint un somment de la propagande nazie. La section juive de la M.O.I., s’exprime, dans ses nombreux journaux et tracts clandestins, contre cette violente propagande.
Référence
Herf Jeffrey, 2011, L’Ennemi juif : la propagande nazie, 1939-1945, Paris, Éditions Calmann-Lévy, coll. « Mémorial de la Shoah : histoire »
LE MONT-VALÉRIEN
La totalité des fusillés est de sexe masculin. Les Allemands réservent la guillotine, en Allemagne, aux résistantes. 23 membres des FTP-M.O.I. de l’Affiche rouge sont exécutés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Olga Bancic est guillotinée à Stuttgart.
Les nazis fusillent, avant tout, les communistes qu’ils considèrent comme les opposants les plus dangereux, soit presque 70 % des exécutés. Le choix des otages est politique, ils représentent 60 % des fusillés et 90 % d’entre eux sont, selon la terminologie nazie, des judéo-bolchéviques (opposants à la fois juifs et communistes). Il s’agit d’éliminer, en priorité, les adversaires les plus déterminés au fascisme.
17 % des exécutés sont Juifs, immigrés pour la plupart alors que les Juifs ne représentent que 0,8 % de la population. Entre autres victimes, les artisans de la presse juive clandestine communiste comptent parmi les fusillés : Israël (Moshe) Bursztyn, l’ancien gérant de La Naïe Presse est l’un des 95 otages du 15 décembre 1941, Rudolf Zeiler, l’imprimeur de Unzer Wort (Notre Parole) y est fusillé le 19 décembre. L’année suivante, les rédacteurs Mounié Nadler et Joseph Bursztyn sont fusillés à leur tour.
Un Bosquet de la Liberté honore, à la fois, la Révolution Française qui a octroyé aux Juifs de France l’égalité des Droits civiques et la mémoire des résistants et otages juifs fusillés par les nazis.
Les Français d’origine représentent 79 % des fusillés. Les étrangers (29 nationalités) sont bien plus nombreux en pourcentage que leur représentation dans la population totale de la France. Toutes les tranches d’âge sont représentées mais les moins de 40 ans constituent 69 % de la population concernée.
Les fusillades massives visent à museler, par la mise en place d’une politique de terreur, toute opposition aux mesures répressives nazies mais elles ne font que galvaniser la volonté de Résistance et dresser l’ensemble de la population française contre l’Occupant.
Références
— Fontaine Thomas, Peschanski Denis, 2018, La collaboration : Vichy, Paris, Berlin, 1940-1945. Ed. Tallandier/Archives Nationales/Ministère Défense.
— Klarsfeld Serge, Tsévery Léon, 2010, Les 1007 fusillés du Mont-Valérien parmi lesquels 174 Juifs. Association des fils et filles des déportés juifs de France.
UNION DES JUIFS POUR LA RÉSISTANCE ET L'ENTRAIDE (UJRE)
La création de l’UJRE participe de la même démarche d’élargissement. Après l’entrée des Allemands en zone sud et les déportations massives, la communauté de destin des Juifs, immigrés ou français, est désormais évidente. C’est dans ce contexte qu’au printemps 1943, se réunit clandestinement la conférence de 7 responsables des centres de Résistance des zones Nord et Sud liés à la section juive de la M.O.I. : Idel Korman, Edouard Kowalski, Adam Rayski, Sophie Schwartz, Thérèse Tennenbaum, de la direction parisienne, Charles Lederman et Jacques Ravine de la direction de la zone sud. Ils décident la création d’un organisme central clandestin de coordination, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide, l’ UJRE, qui fédère en son sein d’autres organisations clandestines : « Solidarité » des deux zones, l’Union de la jeunesse juive, l’UJJ, l’Union des femmes juives, l’UFJ, les comités juifs du secours populaire, la commission intersyndicale juive, les groupes armés juifs des FTP-M.O.I.
Notre Parole et Droit et Liberté deviennent les organes de l’UJRE en français. Unzer Wort paraît en yiddish. L’UJRE se veut ouverte à tous les Juifs. Elle impulse aussi l’unification partielle de la Résistance juive au sein d’un Comité Général de Défense, donnant naissance en 1944 au CRIF, Conseil représentatif des Israélites de France.
Des groupes de combat existent déjà sous l’égide de « Solidarité ». Ils prennent le nom de « groupes de combat de l’UJRE » et connaissent une grande extension. À la différence des FTP-M.O.I., leurs membres gardent une activité civile. Ils agissent soit en appui des FTP-M.O.I., soit de façon autonome. Ces groupes jouent un rôle éminent dans les combats de la Libération.
Grâce à son action multiforme, l’influence de l’UJRE dans la population juive immigrée progressiste est considérable au moment de la Libération.
Références :
— Ravine Jacques, 1973, La Résistance organisée des Juifs en France, Julliard.
— Diamant David, 1971, Les Juifs dans la Résistance française, Le Pavillon.
— Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David, Grojnowki Michel, 1987, Juifs révolutionnaires, Messidor/Éditions sociales.

Le Matin, journal collaborationniste, du 20 février 1944 rend compte du procès des membres du « Groupe Manouchian ».

Affiche de propagande allemande, placardée massivement en France, dénonçant les 23 membres des FTP-M.O.I. du « Groupe Manouchian », connue sous le nom de « l’Affiche rouge ».

Affiche Rouge

Avant son exécution le 21 février 1944, lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée.

Cristina Boïco

Dernière lettre de Marcel Rayman (Rajman) à sa mère et son frère Simon avant son exécution le 21 février 1944.

Exécutions au Mont-Valérien le 21 fév. 1944 de résistants FTP-M.O.I. du « groupe Manouchian ». Photo prise clandestinement par un sous-officier allemand.

Fiche d’Henri Krasucki arrivé à Drancy le 21 juin 1943 et déporté le 23 du même mois à Auschwitz.

Fiche de Paulette Szlifke (Sliwka-Sarcey) arrivée à Drancy le 18 mai 1943 et déportée le 23 juin à Auschwitz.

Joseph Epstein

Les jeunes communistes juifs quittent Drancy en chantant la Marseillaise, se souvient Roger Trugnan (Trugman).

Les trois grandes filatures

Marcel Rayman

Membres du « Groupe Manouchian » : à gauche, Missak Manouchian, Arménien ; au milieu, Wolf Wasjbrot, Juif polonais ; à droite, Joseph Boczov, Juif hongrois (photo allemande, fév. 1944).

Missak Manouchian

Paulette Sarcey

Paulette Sarcey (Slifke) évoque la filature des Brigades spéciales qui a conduit à l’arrestation des membres de son groupe de jeunes résistants juifs. 57 seront déportés.

Paulette Sarcey (Slifke) rappelle l’interrogatoire qu’elle a subi à la préfecture de police de Paris en mars 1943.

Rapport policier (Brigades spéciales) de filature concernant André Terreau « Blondinet », pour juillet-août 1943.

Rapport policier (Brigades spéciales) de filature concernant Joseph Boczor « Ivry », pour septembre-octobre 1943 (3ème filature).

Rapport policier (Brigades spéciales) de filature concernant Lajlo Goldberg « Legris », pour septembre 1943.

Rapport policier (Brigades spéciales) de filature concernant Rebecca Majner, « Gamine », pour février-mars 1943. « Gamine » figure sur la gauche du schéma de la 1ère filature.

Rapport policier sur l’arrestation de Paulette Szlifke (Sliwka-Sarcey) (23 mars 1943).

Reconstitution de la 1ère filature des membres parisiens de l’organisation de la jeunesse communiste juive par les policiers des Brigades spéciales (janvier à mars 1943), d’après des rapports de police.

Reconstitution de la 2ème filature des membres parisiens de l’UJRE et du second détachement des FTP-M.O.I. par les policiers des Brigades spéciales (mars à juin 1943), d’après des rapports de police.

Reconstitution de la 3ème filature des membres parisiens des FTP-M.O.I. par les policiers des Brigades spéciales (juillet à novembre 1943), d’après des rapports de police.

Roger Trugnan

Tract de l’UJRE diffusé en mars 1944 rendant hommage aux combattants de « l’armée du crime » et honorant, parmi les fusillés de « l’Affiche rouge », les Immigrés et Juifs morts pour la France. _Extrait.

Tract, émanant de Vichy et des autorités allemandes d’occupation, reprenant au recto LʼAffiche rouge et dénonçant au verso « Le complot de lʼAnti-France », février 1944.

Transcription de la lettre manuscrite d’Olga (Golda) Bancic à sa fille Dolorès, du 9 mai 1944, après son transfert à Stuttgart où elle est guillotinée le 10 mai.


























