La langue yiddish : un idiome à part entière
Origines : les origines de la ,langue yiddish remontent à l'an 1000
Dans leur errance, les Juifs ont suivi la route des légions romaines et traversé la France pour se fixer dans les régions rhénanes.
Ils parlent, alors, des dialectes romans et leur langage se mêle peu à peu aux dialectes germaniques du Moyen Âge.
Aux éléments germaniques de base, ils incorporent des éléments romans et y ajoutent des termes hébreux et araméens.
Peu à peu, à partir du 14ème siècle, naît une véritable langue, autonome, avec des sons nouveaux, apparentée par sa grammaire à l’allemand mais évoluant selon ses lois propres.
Une création littéraire importante en témoigne dès le Moyen Âge
Après 1348-1349, à la suite de massacres qui les déciment en partie (on les rend responsables de la Grande Peste !) un exode massif conduit les Juifs vers Prague et la Pologne.
Ce transfert de populations juives du centre vers l’Est européen place la langue yiddish hors de l’orbite germanique.
Cette langue s’épanouit dans les pays slaves et devient totalement originale et indépendante.
La prononciation se transforme au contact des apports polonais, ukrainiens ou tchèques mais le changement fondamental concerne la syntaxe. Les modes slaves, germaniques et hébraïques se croisent. La langue yiddish se libère des formes compliquées.
Au milieu du 18ème siècle, les hébraïsants, hostiles au « jargon », se rallient peu à peu à cette langue. Au 19ème siècle, les écrivains concernés fondent une langue moderne et annoncent la littérature yiddish classique.
À Wilno (l’actuelle Vilnius), le YIVO, Centre culturel et scientifique juif, fixe la langue.
Le yiddish : un élément unificateur et une culture
Les communistes et sympathisants disposent d'un organe de presse
Les Juifs ont émigré en France, dès la fin du 19ème siècle, à la suite de pogroms, et surtout dans les années 1920 et 1930, chassés de leurs lieux de naissance par l’antisémitisme, par la misère et par la répression politique. Parmi eux, figurent aussi des étudiants objets de discrimination à l’Université. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la France a besoin d’une importante main-d’œuvre. Ces immigrés demeurent imprégnés de leur culture d’origine mais souvent détachés des pratiques religieuses.
La langue yiddish est l’élément fondamental et unificateur de cette culture juive d’Europe de l’Est. Ces pays constituaient ce qu’on a appelé le « yiddishland », un monde, aujourd’hui anéanti, de près de 8 à 9 millions de personnes.
Les associations juives yiddishophones dépendant de la M.O.I. sont très actives. Le réseau associatif, structuré, couvre tous les domaines : dispensaire, action sociale, information politique, activités sportives, mouvement de femmes, mouvement de jeunesse, patronages, « section » d’écrivains, chorale populaire et théâtre.
Les communistes et sympathisants disposent d’un organe de presse quotidien en yiddish, Naïe Presse (La Presse Nouvelle) qui publie son premier numéro en janvier 1934. Ce journal, conçu par de nombreux journalistes très dynamiques et parlant la langue, est largement diffusé dans l’immigration juive d’avant-guerre. L’un de ses objectifs prioritaires est la lutte contre le fascisme.
Congrès Mondial pour la défense de la culture yiddish
Septembre 1937
En septembre 1937, à l’initiative des organisations progressistes juives, se tient, à Paris, le Congrès Mondial pour la défense de la culture yiddish, alors à son apogée mais menacée par le contexte politique européen. Les participants, de toutes tendances, unis par la conscience d’un danger commun, aboutissent à un consensus sur la défense de la langue et de la culture yiddish face à l’antisémitisme et au fascisme.
Littérature yiddish
Jusqu’en 1939, cette littérature méconnue, foisonnante et diverse, témoigne de l’extraordinaire vigueur de cette langue, à la fois outil de lutte et moyen de communication. De grands noms à la jonction du XIXème et du XXème siècle, demeurent des classiques avant l’éclosion d’un très grand nombre de romanciers, poètes, essayistes, historiens qui seront exterminés.. par le nazisme.
Fin du yiddish, langue vivante
La Naïe Presse et Unzer Vort
Naïe Presse reparaît sous l’Occupation avec le titre Unzer Vort et devient l’instrument majeur de la Résistance des Juifs immigrés jusqu’à la fin de la guerre. D’autres publications en yiddish témoignent du combat incessant des résistants de la section juive de la M.O.I.
L’extermination de 6 millions de Juifs d’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale a conduit à la lente extinction de cette langue et de cette littérature.
Naïe Presse cessera de paraître en 1993, faute de lecteurs yiddishisants…


